Redonner de la valeur aux effluents : une démarche au cœur de l’élevage 

Redonner de la valeur aux effluents : une démarche au cœur de l’élevage

Les effluents d’élevage, fumier, lisier, fientes, sont bien plus qu’un simple déchet : ils constituent un maillon stratégique de la gestion de l’élevage. Leur traitement et leur valorisation raisonnée à l’échelle de l’exploitation permettent non seulement de réduire les impacts environnementaux, mais aussi d’améliorer les conditions d’élevage, d’optimiser le recyclage des éléments nutritifs et de renforcer l’autonomie des systèmes de production. 

Produire des effluents de qualité : une démarche qui commence en bâtiment

La nature et la quantité des effluents produits dépendent directement du type d’élevage, du mode de logement (stabulation sur litière, logettes, cages, etc.), de l’alimentation des animaux, mais aussi de la gestion de l’eau. Une gestion optimisée dès la production, par une litière bien entretenue, une réduction des volumes d’eau souillée ou une séparation solide/liquide, permet de faciliter le stockage et le traitement ultérieur. 

Stockage et traitement : des étapes clés pour maîtriser les flux

Un stockage adapté est indispensable pour éviter les pertes de nutriments, notamment d’azote par volatilisation, et pour respecter les contraintes réglementaires. Les capacités doivent être dimensionnées selon la taille du troupeau, la durée de stockage requise et le calendrier d’épandage. Le traitement peut inclure la séparation de phase, l’hygiénisation ou encore le compostage, selon les objectifs de l’éleveur (réduction du volume, facilité d’épandage, production d’un amendement valorisable). 

Le compostage en élevage : un outil de valorisation maîtrisé

Dans les élevages produisant du fumier, le compostage constitue une technique simple et efficace pour stabiliser la matière organique, limiter les odeurs, réduire la charge pathogène et produire un compost de qualité. Réalisé sur la plateforme de l’exploitation, il repose sur l’équilibre entre matières carbonées (paille, copeaux) et azotées (déjections), une bonne aération et un suivi des températures. 

Un point clé pour assurer une bonne décomposition est de maintenir un ratio carbone/azote (C/N) compris entre 12 et 13. Ce ratio exprime l’équilibre entre les sources de carbone (énergie pour les micro-organismes) et d’azote (nécessaire à leur croissance). Un ratio trop élevé ralentit la dégradation (excès de carbone), tandis qu’un ratio trop bas provoque des pertes d’azote sous forme gazeuse (ammoniac) et des odeurs. Un bon équilibre permet une montée en température efficace, une décomposition rapide, et la production d’un compost stable, mûr et riche en humus. 

Intégrer les effluents dans la stratégie globale d’élevage

Une gestion rigoureuse des effluents participe à la maîtrise des coûts de fertilisation, à la valorisation locale des déjections et à la réduction des intrants extérieurs. Mais elle a aussi un impact sur le bien-être animale (réduction de l’humidité en bâtiment, ambiance améliorée), la biosécurité (meilleure gestion des nuisibles et agents pathogènes) et l’image de l’élevage. Elle exige pour cela une planification fine, intégrée dans l’organisation du travail. 

Une opportunité pour des élevages plus autonomes et résilients

Plutôt que d’être perçus comme une contrainte, les effluents doivent être considérés comme un levier de durabilité. Leur bonne gestion, de la production jusqu’à la valorisation, s’inscrit dans une démarche agroécologique. En renforçant les cycles internes de l’exploitation, elle permet aux éleveurs de gagner en autonomie, en efficacité et en acceptabilité sociale.